jeudi 4 juin 2009

Notre page concours "Graines de reporters"


Terre mère, terre nourricière
Voyage au coeur de la terre
Le pari du bio
La ferme de la Croix Blanche se situe à Saint-Gervais-les-Trois-Clochers, dans la Vienne. Véronique et Claude Souriau y exploitent 72 hectares de cultures céréalières destinées à l'alimentation de leurs volailles.
Le bus nous dépose dans une immense cour de ferme. Aujourd'hui, quand nous parlons de paysans, entre amis, c'est de façon péjorative. Véronique Souriau revendique le terme « paysan », celui qui connaît la terre, sa terre : le pays. La ferme de véronique Souriau n'est pas comme les autres : elle et son mari ont fait, voici trois ans, le pari du biologique.
Depuis 2006, en effet, cette exploitation agricole travaille la terre sans traitement par les pesticides, sans engrais chimiques. Trois ans sont nécessaires à cette conversion : l'année 2009 verra les efforts de ces exploitants récompensés par l'attribution du label « AB » (Agriculture Biologique). Véronique et Claude Souriau ont préféré ce mode de travail de la terre par respect de la nature, et des consommateurs.

Le respect de la nature En visitant cette exploitation, nous avons vu des volailles en liberté : les poulets sont élevés en plein air, pendant 16 semaines -contre 8 semaines dans un élevage industriel où les volailles ne voient jamais un pré, pas un brin d'herbe. Nous avons visité les pondoirs : les poules de Marans ont été choisies parce qu'adaptées au climat de la région. Nous avons visité deux poussinières : dans la première, des poussins d'une semaine, dans la seconde, des poussins de 4 semaines. Nous nous sommes ensuite dirigés vers les cabanes à volailles, en passant devant la mare des oies, dans laquelle elles se rafraîchissent l'été : dans un grand pré, plusieurs cabanes abritent des poulets, qui fuyaient à notre approche. Les cabanes sont ouvertes, on les ferme la nuit pour éviter que les renards ne mangent les poulets. Régulièrement, on met ces cabanes sur roues pour les déplacer afin de les nettoyer. Les prés sont ensuite cultivés. Deux ânes viennent à notre rencontre, dans un autre pré, et se laissent caresser.

La biodiversité L'exploitation de la Croix Blanche cultive du maïs, du blé, des petits pois, des féveroles, du tournesol. Les graines sont semées dans un même champ : ainsi, si un champignon s'attaque à l'une des plantes, il a moins de risques de contaminer les autres brins de la même espèce : le mélange des espèces permet de faire barrage aux champignons : c'est une méthode d'auto-médication naturelle. Tout ce qui est cultivé sur les 72 hectares de l'exploitation est destiné à la nourriture des animaux et au chauffage des poussinières et de la maison d'habitation : ce sont les rafles de maïs qui alimentent la chaudière.

Le maïs population Véronique Souriau nous explique que le maïs population est l'image de la biodiversité : comme nous sommes nous-mêmes l'image de la diversité -c'est un clin d'oeil, mais qui nous a permis de comprendre-, le maïs qu'elle cultive est mêlé : on voit des grains jaunes, des grains orange, des grains rouges. C'est le maïs le mieux adapté à la terre.

Vivre de la vente des produits de la terre Chaque vendredi chaque samedi, Véronique Souriau vend les oeufs roux, les poulets à rôtir : après 16 semaine d'élevage en plein air, ils pèsent en moyenne 1.7 kilos, les chapons, les oies, les canards, les pintades. Une boutique est ouverte en fin de semaine à l'entrée de la ferme. Certains produits de la ferme sont également vendus en grande surface, mais le principal lieu de vente est le marché : à Saint-Gervais, à Châtellerault et à Dissay. Avec environ 2000 euros mensuels pour le couple, deux semaines de vacances par an, une alimentation naturelle, des week-end réservés aux sorties et à la vie de famille, les Souriau s'estiment heureux : le choix du bio a été pour eux un art de vivre en respectant la nature ainsi que leur vie de famille, ils ont en effet du temps, le travail de la terre ne les astreint pas sept jours sur sept. Claude Souriau, en plus de son activité sur son exploitation, milite auprès des agriculteurs de la région, afin de faire connaître l'alternative à l'agriculture conventionnelle. Il est adhérent au CIVAM et agit en faveur d'une autre façon de produire.

Un avenir pour cette terre Véronique Souriau regrette l'absence des haies autour des prés : elle nous explique qu'une haie est un barrage naturel aux champignons, ainsi qu'un abri pour les insectes, telles les coccinelles, dont la nature a besoin. La coccinelle est un insecticide naturel ! Prochainement, les Souriau souhaitent réimplanter les haies et reconquérir un espace naturel.
Vous avez dit « bio » ? Cette ferme est une ferme « bio » : aucun produit chimique, aucun engrais, aucun pesticide n'est utilisé, : la seule machine pour limiter les mauvaises herbes dans les cultures est la herse-étrille. Les engrais sont fabriqués à partir du fumier. Les volailles mangent ce que l'exploitation produit, ainsi que du tourteau de noix, aucun médicament, aucun additif n'est apporté à leur nourriture. Seuls les minéraux à apporter à l'alimentation des volailles sont achetés : les reste est produit sur place. « J'aime et je mange ce que je cultive », conclut Véronqiue Souriau.

Paysan-militant : l'exemple du CIVAM
Béatrice Martin est épouse d'agriculteur biologique et salariée du CIVAM de la région Poitou-Charentes. Son métier consiste à aider les agriculteurs à réfléchir à leurs modes de productions, et à tenter une autre agriculture, plus proche de la nature.
Qu'est-ce que le CIVAM ? Le CIVAM signifie : Centres d'Initiatives pour la Valorisation de l'Agriculture et du Milieu rural. Il existe huit CIVAM en Poitou-Charentes, deux en Vienne : un à Châtellerault, un à Montmorillon. Ce sont des regroupements géographiques : sur environ 2000 exploitations agricoles en Vienne, 70 adhèrent au CIVAM. Le CIVAM est une association créée en 1950, après la seconde guerre mondiale. Il fallait alors nourrir la population, produire de façon suffisante et donc moderniser l'agriculture. Cette modernisation est passée par le développement des instituts recherche scientifique, ainsi que par l'éducation populaire : on a appris aux agriculteurs à améliorer les conditions de productions, grâce aux machines, aux engrais.

Rôle du CIVAM Dès les années 1990, on a atteint une surproduction agricole : l'Europe économique avait déjà instauré des quotas. Les agriculteurs se sont mis à jeter le surplus de leur production ! Le CIVAM a réagi et a mis en place une réflexion pour trouver un autre système de production qui respecterait les animaux, le territoire, et permettrait de nourrir sans trop produire. Le métier de Béatrice Martin consiste à mettre en relation des gens qui ont une expérience d'un autre mode de production, et à amener les gens à réfléchir ensemble. « Se serrer les coudes, s'unir, se motiver : c'est important ». Le CIVAM est à l'origine de l'introduction de l'alimentation bio dans la restauration scolaire, du respect de la biodiversité, du lien direct producteur-consommateur. Par exemple, à partir de la question : « Comment polluer moins l'eau et utiliser moins de pesticides ? », Béatrice Martin cherche à informer les agriculteurs et à mettre en relation ceux qui ont une expérience positive et ceux qui cherchent une réponse.
Béatrice Martin, pour nous faire comprendre les limites de l'élevage industriel, nous a montré un extrait du documentaire « We feed the world » dans lequel on voit un élevage industriel de poulets. C'est à huit semaines que les poulets son abattus, à la chaîne, sans avoir jamais vu un pré, ni un brin d'herbe ! Rien à voir avec les poulets de la ferme de la Croix Blanche... Elle nous parle également de vaches laitières nourries sans jamais voir un pré, traites sans jamais voir l'homme...

« Paysan », un mot qui retrouve son sens On parle d'agriculteurs, d'exploitants agricoles (le mot est intéressant, nous fait remarquer Béatrice Martin), de cultivateurs : le CIVAM redonne ses titres de noblesse au nom « paysan ». C'est l'habitant du pays, celui qui connaît sa terre. Le mot n'est plus péjoratif. Au contraire.
Militer, c'est affirmer des valeurs Béatrice Martin se dit volontiers passionnée, et cela se voit ! Son parcours professionnel et personnel nous permet de comprendre son militantisme. Fille de commerçants (son père était boulanger, sa mère bijoutière), elle s'oppose très tôt à un milieu familial dans lequel on compte l'argent. Contrainte à faire des études dans un lycée agricole proche de la maison familiale pour des raisons de proximité, Béatrice Martin passera un bac D' (maths, biologie, sciences agro-alimentaires) et s'engagera dans un mouvement « Band Aid », pour aider l'Ethiopie alors en pleine famine. C'est sa phase de révolte. Son BTS Maîtrise de l'eau et de l'irrigation en poche, elle épouse un agriculteur, Philippe Martin. Ils partent en Afrique, au Mali, travailler pendant deux ans dans une ONG. « Je croyais sauver le monde, je n'ai rien sauvé du tout ! Mais j'ai appris énormément...», avoue-t-elle. Le Mali, le Sénégal, le Burkina-Faso, la Côte d'Ivoire la Guinée : les époux Martin côtoient des Blancs auxquels ils n'ont pas envie de ressembler, ils quittent l'Afrique. « En Afrique, les Blancs ne se comportent pas toujours très bien. Nous n'avions pas envie de leur ressembler. Nous avons préféré rentrer en France et pratiquer l'agriculture telle que nous la souhaitions.»

A voir... Béatrice Martin nous a conseillé le documentaire We feed the world, ainsi que le film Nos enfants nous accuseront, de Jean-Paul Jaud, que nous sommes allés voir au Cinéma Les 400 Coups.

L'agriculture conventionnelle : les dangers de l'industrialisation
« Notre premier médicament, c'est notre alimentation » disait Hippocrate. C'est ce que le film documentaire de Jean-Paul Jaud, Nos enfants nous accuseront, explique en mettant en lumière les dangers de l'agriculture conventionnelle et montrant l'exemple d'un village, Barjac -dans les Cévennes-, dans lequel la cantine scolaire est passée à la nourriture « bio »

C'est quoi, le « bio » ?
On le répète plusieurs fois dans le film, le bio, c'est ce qui n'est pas traité. Après avoir vu ce film, au cinéma les 400 Coups, nous avons compris que nous mangeons sans savoir comment nos légumes sont parvenus dans nos assiettes. Ce film montre que ce qu'on mange -et qu'on aime !-, les frites surgelées, les hamburgers, les gâteaux conditionnés, les cordons bleus, devrait être évité.

A Barjac, une cantine scolaire bio
On montre dans le film l'exemple d'un petit village des Cévennes, Barjac, où le maire a réussi à proposer une cantine scolaire bio. Les enfants s'intéressent à leur assiette, ce qui est rare à leur âge. Ils font un jardin dans l'école, les repas sont peu à peu transformés en bio : carottes râpées, viande, salade, courgettes, fraises. Les élèves apprennent à goûter ces produits et à les apprécier. Les cuisiniers travaillent pour la cantine scolaire de deux écoles, une publique, une privée, et pour une maison de retraite.
Les parents sont invités à des réunions, s'informent et se mettent au bio. Une épicerie bio est ouverte dans le village. Dans ce village, les enfants mangent avec plaisir les menus de la cantine. Ils s'intéressent à ces produits et demandent à leurs parents de manger bio à la maison.
A Barjac, tout semble beau : le climat, les montagnes, le calme, les champs de coquelicots et de lavande. Mais on voit, dans le film, beaucoup de nuages toxiques, un agriculteur qui porte un casque de protection et qui souffre de saignements de nez dès qu'il traite son champ.
A un moment, on voit une séquence-son (pas d'image) d'une femme -la maman de Hugo- qui accouche chez elle. Cette séquence nous a surpris, mais on voit ensuite la maman qui nourrit sa petite fille au sein et on comprend le lien. C'est symbolique de la nouvelle génération, cette naissance.

Nous avons beaucoup appris grâce à ce documentaire :
il existe de la viande bio : les animaux sont nourris avec des produits non traités, c'est le cas des volailles de la ferme de La croix Blanche.
les aliments qu'on mange au quotidien contiennent des produits toxiques : saucisses, fromages fondus, haricots verts et lentilles en boîtes
les cordons bleus, c'est de la viande reconstituée, ce ne sont pas des escalopes
il existe du vin bio : les vignes ne sont pas traitées
on peut attraper un cancer en étant contaminé par des produits toxiques : avoir des lésions cérébrales, neurologiques, une maladie des intestins, être stérile...
il existe une signalétique des produits toxiques
Les agriculteurs conventionnés continuent à utiliser ces produits qui les empoisonnent !
Cancers, stérilité, maladies liées à l'environnement en hausse constante
On pensait que ce film serait inintéressant, mais on a appris des choses ! Certains mots sont tout de même compliqués, notamment ceux qu'emploient les chercheurs, les scientifiques, les médecins dans les séquences prises à la Maison de l'UNESCO. Ce sont des mots que nous ne rencontrons pas habituellement, mais ces séquences sur la conférence sur l'environnement étaient intéressantes : un médecin-chercheur demande au public de lever la main si un membre de leur famille ou un proche a été touché par un cancer ou la stérilité ou le diabète : beaucoup de gens lèvent la main. Le médecin a prouvé que les maladies que la science estime liées à l'environnement sont nombreuses. Ce film documentaire est réaliste et pédagogique. D'ailleurs, tous les parents devraient aller le voir !

« Nous massacrons notre planète »
C'est ce que dit Jean-Paul Jaud, le réalisateur de ce film, dans une interview accordée à la Télé Libre : il explique que l'homme détruit son environnement depuis le début du 20ème siècle, avec des produits toxiques. Il explique également que le nombre de cancers a augmenté de 93% dans la population en 25 ans, chez les enfants, l'augmentation est de 1.5% par an !
Jean Paul Jaud ajoute qu'on peut stopper cette augmentation en respectant le sol, en respectant le vivant, en préservant les espèces et en changeant notre alimentation qui participe à la pollution de la planète et donc au réchauffement climatique.
Manger « bio », c'est-à-dire des produits non traités, serait une solution. Une solution pour que nos enfants ne nous accusent pas d'avoir massacré leur planète et de les avoir tués. Nous sommes les enfants dont parle JP Jaud dans son film : mais nous n'accuserons pas nos parents, car tous n'ont pas les moyens d'acheter des produits bio, et ils ne sont pas cultivateurs ni jardiniers... De plus, il n'existe pas de loi interdisant aux agriculteurs conventionnés d'utiliser leurs engrais. Nous n'accuserons donc personne. Nos parents ne connaissent peut-être pas les dangers de notre alimentation actuelle. Nous mangeons d'ailleurs quelques produits bio, des légumes cultivés par nos grands-parents dans leur jardin, du pain fait par nos mères, des herbes aromatiques, on boit de l'eau filtrée.
Ce titre est, selon JP Jaud, « réaliste ». Ce sont les enfants qui sont malades, et son documentaire le prouve en effet : on entend le témoignage de la maman de Camille, atteinte d'un cancer car sa mère a utilisé des bombes anti-moustiques quand elle était enceinte. On entend le témoignage d'une femme d'agriculteur dont le fils a été guéri d'une leucémie. Il paraît que les hôpitaux sont pleins d'enfants très gravement malades, et de maladies dues à l'environnement.
Manger bio permettrait de ne plus utiliser ces produits toxiques : dans le film, un agriculteur avoue qu'il cultivait des légumes qu'il n'aurait pour rien au monde fait manger à ses enfants ! L'affiche montre que des légumes frais peuvent nous empoisonner !

E 471, E 129, E 330
Comme on voit un homme vider la poubelle de l'école de Barjac et trier les emballages des goûters des enfants, on a observé ce que contient la sucette que Myriam conserve pour l'inter-cours : du E 471, du E 129, du E 330, du sirop de glucose, des acidulants, émulsifiants, du sucre... Et ces indications ne sont pas écrites en français. Bon appétit, Myriam !

Lexique
CIVAM
: Centres d'Initiatives pour Valoriser l'Agriculture et le Milieu rural
AMAP : Association pour le Maintient d'une Agriculture Paysanne
Label : marque syndicale protégée qui atteste qu'un produit a été fabriqué conformément aux conditions de travail prévues par la loi ou la convention collective
AB : Agriculture Biologique
Bio : biologique
Biologique : non traité
Biodiversité : diversité du monde vivant. Néologiqme composé à partir des mots bio et diversité.
CUMA : Coopérative d'Utilisation du Matériel Agricole
RAD : Réseau d'Agriculture Durable
Environnement : ensemble des éléments naturels et culturels dans lesquels les êtres vivants se trouvent.
agriculture biologique : culture de la terre sans traitement par produits toxiques (AB)
agriculture conventionnelle : agriculture utilisant engrais et autres produits chimiques

Article NR 12 Loin des yeux, loin du peuple


Loin des yeux, loin du peuple

Mardi 31 mars, Nicolas Sarkozy est venu à Châtellerault pour parler de la crise, notamment de la fermeture d'usines, du chômage : Valéo, les Fonderies du Poitou... Cette visite a provoqué une émeute à Châtellerault.

Sécurité XXL Mardi 31, jour J, jamais on n'avait vu autant de forces de l'ordre à Châtellerault ! Les accès à certains lieux étaient bouclés par des barrages, vers le Chillou, en particulier. On se demande pourquoi le déplacement du président nécessitait autant de sécurité : croit-il qu'il n'est pas aimé de la population ? Peut-être les manifestations ont-elles montré qu'il n'était pas le bienvenu à Châtellerault...
Première manif Pour un petit nombre d'entre nous, la première manifestation à laquelle nous avions assisté était celle qui avait été organisée en soutien à la Palestine lors de la guerre à Gaza.
Pour d'autres, celle du 31 mars, aux côtés des syndicalistes, était une grande première. Beaucoup d'ambiance, des rires car les manifestants étaient venus protester contre la politique du gouvernement ; des chansons, parfois drôles, animaient le défilé...
Premiers affrontements, beaucoup de bruit pour... rien Après la manifestation, des jeunes ont brûlé une poubelle, et jeté des cailloux, dans le feu de l'action... des oeufs, des bouteilles de bière... Nous étions dans la manif, nous ne sommes pas allés au collège l'après-midi : il fallait contourner les barrages, passer par la Maronnerie, ça fait plus long... Et puis, pour une fois qu'il se passait quelque chose à Châtellerault... Pour notre classe, il n'y avait pas cours ce mardi après-midi-là... Nous avons jugé que la présence d'autant de CRS, de barrages, pour un président que l'on ne voyait pas, c'était un peu de la provocation.... On a apprécié ce mouvement dans la Plaine, mais on n'a jamais vu Nicolas Sarkozy... Cela faisait beaucoup pour... rien.
Un mot pour les CRS Ce n'était pas contre eux, la rage, même si on avoue avoir du mal à voir en eux l'homme, derrière la police en charge de la sécurité des citoyens : c'était une rage contre Nicolas Sarkozy, de la part des manifestants. Les CRS ont reçu des oeufs en faisant leur métier : protéger un homme d'état, que peut-être eux-mêmes n'apprécient pas... Les CRS ont fait pitié à certains d'entre nous, car ils ne méritaient pas cela. Si certains ont menacé des adolescents, ceux-ci les avaient provoqués. Nous, on a reçu des bombes lacrymogènes, sur les pieds, dans les yeux, ça brûle !!! Les CRS jetaient des fumigènes sur ceux qui s'approchaient trop près. C'est pour ne pas lutter qu'ils jettent ces projectiles. Des arrestations ont eu lieu, puisque des jeunes avaient cassé une voiture et jeté des projectiles sur les forces de l'ordre.

« On se croyait un 14 juillet » « C'était bizarre, on se croyait un 14 juillet, jour de fête nationale. Les routes étaient barrées par la police, on n'avait même pas le droit de passer par Branly. De chez moi, j'entendais des bruits, je suis sorti pour voir, j'ai vu des groupes de personnes avec des tambours, en train de chanter. Je les ai suivis. Ils sont passés vers Branly mais les gendarmes ne voulaient pas qu'on passe. En ville, il y avait des barrières de sécurité partout. » Aynou.

Le courage de manifester ses opinions « Je trouve que les manifestants ont eu le courage de manifester contre la venue du président de la République. Ils ont eu raison, selon moi, car il faut agir, mais ils ont également eu tort car la venue du président prouve qu'il s'intéresse à la crise. Malgré sa venue, je trouve vraiment grave qu'il ne se montre pas : il est censé parler au peuple, se montrer à lui ! Il n'y avait jamais eu autant de CRS à Châtellerault, même après son départ, la police était encore là : cela a un peu provoqué les jeunes. Sur le chemin du collège, vers Branly, les CRS étaient encore postés là alors que Nicolas Sarkozy avait déjà quitté la ville ! Il n'était pas nécessaire pour la police de rester en ville. Aux jeunes, on a montré que le président est puissant ; mais lui ne s'est pas montré. Je ne comprends pas pourquoi il y a eu autant de barrières entre lui et le peuple. Elu, il devrait assumer son peuple ! Pour moi, sa visite a fait plus de dégâts qu'autre chose... Mais pour nous, cela a mis de l'ambiance... » Myriam.

Une journée ordinaire ? « Je n'étais pas au courant que Nicolas Sarkozy venait à Châtellerault : je ne le croyais pas. Quand j'ai vu beaucoup de policiers sur les routes et des gendarmes passer devant moi, je me suis dit que c'était vrai... J'ai vu quelques images de cette visite à la télévision, le soir. Pour moi, c'était une journée comme les autres.» Léa.
Nawal, Myriam, Astan, Fanta, Julie, Raby, Fatima, Léa, Audrey, Zakary, Okkacha, Charlotte, Amandine, Maïly, Amrane, Gisela, Kholoud, Jérôme, Ibrahim, Aynou.

Policier : un métier au service des citoyens
Nous avons invité le Capitaine Martineau, chef de l’’Unité de Sécurité au commissariat de Châtellerault dans notre classe, afin de l'interviewer sur le métier de policier et les missions de la police. Nous le remercions pour cet échange.

Elèves : Quelle est la mission de la police dans le cadre d’une manifestation ?
Capitaine Martineau
: La mission des policiers est de maintenir l'ordre public, de protéger les personnes et les biens. Une manifestation, c'est un droit. Mais on ne manifeste pas n'importe comment. Une déclaration est faite en préfecture, le trajet est déterminé, le lieu de dislocation de la manifestation également. Tout cela est généralement respecté par les syndicats appelant à la manifestation. Dès le départ du cortège, les policiers sont là pour éviter les délits : quand il y a un rassemblement de personnes, il est plus facile de commettre des délits, les comportements sont souvent différents quand on est en groupe, l'anonymat y est plus facile. On doit protéger les manifestants, et les citoyens qui ne défilent pas.
Elèves : Qu'est-ce que signifie le sigle CRS ?
Capitaine Martineau
: Compagnie Républicaine de Sécurité. Les CRS ont été créées en 1945, à la Libération. Ce sont des compagnies -ou forces de sécurité- auxquelles un préfet fait appel de façon ponctuelle.
Elèves : Quelle est leur mission dans le cadre d’une manifestation?
Capitaine Martineau
: En aucun cas faire peur. Leur mission est de protéger les citoyens des délinquants, en dissuadant ces derniers.
Elèves : Comment devient-on CRS ?
Capitaine Martineau
: Un CRS est un policier. Pour entrer dans la police, le concours de recrutement demande un baccalauréat pour les gardiens de la paix, une licence pour les officiers et 1 DEA ou DESS (bac+5) pour les commissaires. Il est préférable de privilégier les études de droit pour se présenter au concours.
Ihsane : Existe-t-il des femmes CRS ?
Capitaine Martineau
: Le concours de policer leur est ouvert et la direction des CRS aussi. Mais en CRS, il y a peu de femmes car cette spécialité leur a été ouverte très récemment.
Elèves : On voit les CRS casqués, ils font peur...
Capitaine Martineau
: Les casques sont utilisés pour se protéger, ils ne sont pas utilisés pour faire peur. Tous les policiers, et pas seulement les CRS peuvent aussi mettre un casque pour se protéger. Il faut savoir que les CRS français sont des experts du maintien de l’ordre et leurs compétences les amènent à former de nombreuses polices étrangères.
Ihsane : Ils rôdent dans les rues du quartier.
Capitaine Martineau : Ils « patrouillent ». Imaginez-vous un pays sans police ?
Astan : Ce serait la loi du plus fort.
Capitaine Martineau
: Exact.
Zakari : Utilisez vous des armes dans une manifestation ?
Capitaine Martineau
: C’est possible, la loi le permet dans le cadre de la légitime défense. Quand on lance des pierres sur les policiers, les pierres sont considérées comme des armes.
Zakari : Nous, on fait des batailles de marrons, des batailles de pierres souvent !
Capitaine Martineau
: Minimiser l'acte de lancer des pierres est choquant. Vous devriez y réfléchir. Vous devriez écrire un prochain article sur les blessés: allez faire une enquête aux urgences de Châtellerault...
Elèves : Pourquoi, le jour de la visite de Nicolas Sarkozy à Châtellerault, les CRS sont-ils restés devant Branly après le départ du président ?
Capitaine Martineau : Les policiers doivent permettre la dislocation d'une manifestation dans le calme, et empêcher tout débordement. Devant Branly, il se trouve qu'une voiture venait d'être cassée, que des pierres avaient été jetées sur les policiers, que le feu avait été mis à des poubelles. La police lutte aussi contre les violences urbaines, elle n’est pas l’ennemie des citoyens.
Elèves : On se dit parfois qu'on peut jeter des projectiles sur les CRS, qu'ils sont là pour ça.
Capitaine Martineau : Etre pris pour cible fait partie des risques du métier, mais ne croyez pas que les forces de l’ordre soient là pour recevoir des pierres, des oeufs ! La loi punit cet acte. Ces violences sont réprimées.
Elèves : Que risque un mineur qui a lancé des projectiles sur les policiers ?
Capitaine Martineau
: Une agression de fonctionnaire de l'Etat dans l'exercice de ses fonctions, constitue une circonstance aggravante, c'est comme un professeur, un chauffeur de bus : l’Etat, par la loi protège ses fonctionnaires. Quand les policiers interpellent un jeune qui a lancé des pierres, ils mènent une enquête pour établir les faits, puis la personne est présentée à un juge ; charge, ensuite, au juge, d'établir la peine. Pour un mineur, la peine maximale encourue est divisée par deux.
Elèves : Que pensez-vous des personnes qui manifestent en se cachant le visage ?
Capitaine Martineau
: quand on manifeste pour ses opinions, on devrait le faire à visage découvert. Ceux qui se dissimulent ne sont pas forcément là pour défendre des idées. Cagoules, foulards, capuches, masques sont portés pour se dissimuler, ne pas être reconnus, ne pas être identifiables…..

Interview réalisée par la classe de 3ème1.




Article NR 11 : Punie pour être née juive

Punie pour être née... juive
Lundi 9 mars après-midi, nous sommes allées entendre le témoignage d'Ida Grinspan à l'Angelarde. Nous étions 250 élèves, toutes les classes de 3ème de George Sand et quatre classes de 1ère de Berthelot. Ida Grinspan nous a raconté sa vie pendant la guerre, ainsi qu'après la Libération.

Avant l'effondrement, une vie presque ordinaire
Les parents d'Ida étaient des immigrés polonais, juifs non pratiquants. Ils avaient fui les pogroms, pensaient trouver refuge dans le pays des Droits de l'Homme. A la maison, on parlait Yiddish, un dialecte mêlant l'hébreux et l'allemand, parlé par les juifs d'Europe. Au début des rafles des juifs, pendant la guerre, sous le régime de Vichy, le père et le frère d'Ida se cachent régulièrement. Ida est envoyée seule à la campagne, à Lié, petit village du sud des Deux-Sèvres, chez une nourrice, Alice. Là-bas, elle est déclarée à la mairie : elle n'a pas la mention « juive » sur une carte d'identité -née en 1929, elle est trop jeune à l'époque- mais la mairie reçoit une étoile jaune pour elle : elle ne la portera pas.
A l'école de Lié, Ida est une très bonne élève, elle a de nombreux amis. A Lié, elle ne connaît pas les privations ni la peur, elle ne voit pas d'allemands. Sa mère lui a fait faire une coiffure de jeune fille, lors d'une de ses visites à Paris, elle paraît plus que son âge. « J'ai été heureuse, à Lié », confie Ida. Elle ajoute : « Jusqu'à ce que la guerre devienne une réalité. »
Une lettre du père d'Ida lui annonce un jour de 42 que sa mère a été arrêtée par la police et déportée vers un camp de travail en Allemagne. Lui et le frère d'Ida se cachaient, la mère d'Ida croyait n'avoir rien à craindre... Pour Ida, cette nouvelle signifie qu'être juif est un réel danger.

L'effondrement : arrêtée en 1944
Une nuit de 1944, le 30 décembre, trois gendarmes français viennent arrêter Ida. Elle a alors quatorze ans. Ida raconte : « J'aurais pu m'échapper par la fenêtre de ma chambre : dans toutes les maisons du village, on m'aurait cachée. Mais j'ai entendu les gendarmes menacer Alice d'arrêter son mari à ma place. On a un cerveau, à quatorze ans : je ne pouvais pas le faire arrêter pour moi. » Les gendarmes emmènent Ida : elle n'a pas été dénoncée, mais elle regrette, dans un humour étonnant : « Je n'ai pas été dénoncée. Mais j'étais mal cachée. » Elle nous rappelle que Roland Gaillon, que nous avons reçu voici quelques semaines au collège, était, lui, « bien caché »...
Les gendarmes expliquent à Ida qu'elle va être déportée dans un camp de travail en Allemagne : la jeune fille pense y retrouver sa mère. Alice prépare un petit colis de provisions qu'Ida réserve, en secret, à sa mère.
Ida passera huit jours à Drancy, où elle ne touchera pas à son colis. Le jeudi suivant, elle est déportée vers un lieu inconnu, depuis la gare de Bobigny.

« Vivement qu'on arrive, ça ne pourra pas être pire »
En gare de Bobigny, la police française « s'efface, disparaît », ce qui fait dire à Ida : « On a été livrés aux allemands par la police française. » Les déportés se tassent dans des wagons à bestiaux, et commence le voyage de trois jours, qui reste gravé dans le souvenir d'Ida comme l'un des pires. Les déportés n'ont ni à manger ni à boire -Ida ne touchera pas à son colis de provisions, qu'elle tient caché. Une tinette est installée dans le wagon, pour les besoins naturels. Ida explique que c'est le pire de ses souvenirs : « Imaginez l'humiliation quand il a bien fallu que nous utilisions cette tinette. Alors, la solidarité a commencé à jouer : les hommes ont tendu un manteau pour cacher celles et ceux qui allaient à la tinette, pour que nous continuions à avoir un peu de dignité. Mais la tinette a fini par déborder, et le contenu s'est répandu, et la puanteur a été insupportable ! Pas de fenêtres, pas d'eau : on a terminé le voyage dans des conditions exécrables. Pour dormir, on ne pouvait pas s'étendre, on était serrés les uns les autres. »
Dans le train, une vieille dame, accompagnée de son mari, promet à Ida de s'occuper d'elle dans le camp. Ida rencontre également deux jeunes filles de 20 ans, avec qui elle sympathise au cours du voyage.
Chacun disait, dans le train : « Vivement qu'on arrive, ça ne pourra pas être pire. »...

L'arrivée à Auschwitz-Birkenau
Le 13 février 1944, le train s'arrête brusquement. Les déportés croient être en Allemagne, ils ont vu le nom de gares allemandes. Ils ignorent encore qu'ils sont à Auschwitz, en Pologne. Les 1500 personnes du convoi doivent sauter du train : pas de marchepied, la neige amortit le choc de la chute. Ida se souvient du bruit : les chiens, les ordres des SS « Raus !», « Schnell !». Les déportés doivent abandonner leurs bagages : le colis d'Ida, les provisions conservées pour sa mère, reste donc sur la neige de Birkenau. On leur dit qu'ils retrouveront leurs valises dans le camp.
Ce jour-là, un seul officier SS est présent à la sélection : « Une chance » pour Ida. Il ne la remarque pas quand elle choisit la file de ceux qui marcheront pour aller jusqu'au camp. Pourtant, à quatorze ans seulement, elle aurait dû être sélectionnée pour la chambre à gaz : « les enfants de moins de seize ans n'entraient pas à Auschwitz », affirme la vieille dame.
Pour gagner le camp de Birkenau (Auschwitz I), il faut marcher pendant environ deux kilomètres et demi. La dame âgée qui avait promis d'aider Ida une fois dans le camp est montée dans un camion. Ida préfère rejoindre en tête de fil, les deux jeunes filles rencontrées dans le train. C'est un souvenir douloureux pour Ida : « J'y ai longtemps pensé depuis. Je ne sais pas pourquoi j'ai préféré marcher, retrouver ces jeunes filles. »


La déshumanisation : de l'homme au « stuck »
Dans le camp, les humiliations se succèdent : on fait déshabiller les déportées, on les rase, elles ont droit à une douche froide « la seule douche à Auschwitz », précise Ida. Se déshabiller devant des hommes -les SS- a été une humiliation terrible pour ces femmes. Les Kapos, des détenues femmes, les forcent à exécuter les ordres. On distribue des vêtements, des chaussures. « Nous étions arrivées avec des vêtements d'hiver, on nous donne de vieilles robes légères. Les tenues rayées, cela viendra plus tard. On nous donne des chaussures pas à notre pointure. Alors, on s'est mises en rond, et on a échangé nos chaussures : là encore, la solidarité a joué. »
Ensuite, le processus de déshumanisation se poursuit : on tatoue un numéro sur le bras des déportées. Ce numéro correspond à l'arrivée au camp par ordre chronologique. Ida sera désormais le n° 75360. Elle devra le reconnaître en allemand, pendant les appels. Les déportées du convoi sont devenues des « stucks », des morceaux.

« Ne dis pas que tu n'as que 14 ans ! »
Une fois dans leur block, les déportées osent demander aux anciennes ce que sont devenues ceux qui sont montés dans les camions. La réponse leur paraît si impensable qu'Ida mettra huit jours à la croire à l'admettre. L'odeur, la fumée, l'absence d'oiseaux au-dessus de Birkenau la convainquent : on tue et on brûle les corps. Ida perd l'espoir de retrouver sa mère après quelques temps. Personne ne la connaît et elle a été arrêtée en 42...
Une déportée met Ida en garde : elle ne doit pas dire son véritable âge, sous peine d'être envoyée à la chambre à gaz.
La survie à Auschwitz tient, pour Ida, de la chance et de la conviction qu'il faut survivre pour raconter, si on a la chance de s'en sortir. Elle comprend les ordres des SS, donnés en allemand, puisqu'elle parle yiddisch, et que cette langue ressemble à l'allemand. Elle fera partie d'un kommando de tri de pommes de terre. Elle échappera aux sélection car elle restera toujours propre : la nuit, malgré le couvre-feu, elle et des amies sortiront se laver dans les lavabos du block -puisque des déportées ukrainiennes les en empêchaient dans la journée.
Son pire souvenir d'Auschwitz, c'est la pendaison de trois camarades qui, ayant volé de la dynamite pour faire exploser les chambres à gaz, ont été torturées pendant trois semaines avant d'être pendues devant les détenus du camp.

Les marches de la mort
Le 18 janvier 1945, après 11 mois passés dans le camp, Ida est évacuée du camp par les SS, avec ses camarades. Les SS fuient l'avancée des alliés, ils se dirigent, à pieds vers le camp de Ravensbrük, en Allemagne. 800 kilomètres, à pieds, dans le froid, sans manger, sous les coups et la menace de de se faire tuer si on flanche. « Sans les marches de la mort, beaucoup plus d'entre nous auraient survécu. » confie Ida.
Ida raconte avec humour sa rencontre avec des soldats américains, venus libérer le camp de Ravensbrük : « Les filles, ils étaient beaux ! Grands, forts, dans leur uniforme ! Ils nous disent « Hello! », nous répondons un faible « Hello... » Avec le même humour, elle dit que ce sont, finalement, des soldats russes qui les libéreront : « Mais ils étaient nettement moins beaux, les filles : moins grands, moins costauds... Non, rien à voir avec les beaux américains... »
Le souvenir qu'Ida conserve de cette libération, ce sont les draps blancs, propres, à l'hôpital. Elle avait attrapé le typhus, et des engelures aux pieds. Elle avait oublié ce qu'était un vrai lit.

Se reconstruire après la Libération
« Il m'a fallu pour guérir, d'autant de temps que je n'en avais passé à Auschwitez : 11 mois... » Ida a dû renoncer à faire des études : ses deux parents étant morts à Auschwitz, elle a été contrainte de travailler comme couturière très tôt. Son frère est sorti de cette guerre maussade. Ida épousera un homme, ils auront une fille.
Aujourd'hui, Ida témoigne en souvenir des femmes qui n'ont pas survécu, et qui disaient : « Il faudra leur dire, si vous vous en sortez. Ils ne vous croiront pas, mais il faudra raconter. » Ida transmet aux jeunes générations, pour que nous sachions ce que des hommes ont pu faire à d'autres hommes.

Impressions pèles-mêles
« Ida a eu beaucoup de courage pour surmonter les douleurs et la violence. » Léa.
« Elle a beaucoup de mérite, car beaucoup de personnes n'auraient pas tenu, à sa place ! » Audrey.
« J'ai trouvé le témoignage d'Ida Grinspan très émouvant ! Elle raconte avec émotion. » Fatima.
« Lors du discours émouvant d'Ida, j'ai été ému car elle nous a fait vivre toute son histoire et j'aimerais lui adresser un grand bravo pour son vaillant courage. » Okkacha.
« Je dirais à Ida, merci de nous avoir consacré du temps pour témoigner de sa vie bouleversante. Je vous remercie beaucoup, vous avez eu beaucoup de courage. Au début, ça a dû être dur de témoigner devant des lycéens, des collégiens : merci pour votre patience avec nous. » Amadine.
« Quand elle a raconté son histoire, on a vu que c'était une jeune fille généreuse ». Nawal.
« Cette histoire pas comme les autres donne envie de connaître d'autres choses sur cette époque très triste. » Astan.
« Sa force et sa dignité m'ont impressionné. » Amrane.
« Elle a été très forte pour traverser l'épreuve d'Auschwitz ». Aynou.
« Son histoire est très touchante, je trouve qu'Ida Grinspan est une femme remarquable. Aujourd'hui, nous nous plaignons beaucoup : «Je n'ai pas eu ceci, je n'ai pas eu cela... » A côté d'Ida enfant, nous avons tout... » Myriam.
« Cela m'a surprise qu'Ida puisse raconter son histoire devant beaucoup de personnes sans pleurer ! » Raby.

« J'ai pas pleuré », l'autobiographie d'Ida Grinspan.
Ida Grinspan a écrit son autobiographie avec l'aide de Bertrand Poirot-Delpech. Louis, en 3ème DP6, a fait dédicacer son livre par Ida. Le titre indique qu'au moment de son arrestation, Ida n'a pas pleuré. Elle a été forte.
Aujourd'hui, à Lié, l'école où Ida suivait sa scolarité pendant la guerre porte son nom.

Best'Of "encouragé"

On a bien failli oublier ce blog : ce n'est pas très professionnel...
La fin de l'année approche (à voir le taux d'absentéisme en 3ème1 ces derniers jours, on la croirait déjà là), vous êtes presque en vacances, et pourtant et pourtant... Ce n'est pas encore le cas.
Hier après-midi, alors que certains (combien ?) étaient en cours pour récupérer le pont du 22 mai, Astan, Fanta et Nawal s'évadaient en direction de Poitiers, au rectorat, pour représenter la rédaction de Best'Of à la remise des prix du concours de journaux scolaires.
La cérémonie était intéressante, elles vous la décriront certainement dans les colonnes du n°2 de votre journal : j'espère qu'elles n'oublieront pas de mentionner ce petit journal présenté par des écoliers primo-arrivants d'une école de Soyaux, "Bonjour'nal", primé au niveau national. Ces élèves, qui ne parlaient pas français voici un an écrivent dans un journal qu'ils composent entièrement : demandeurs d'asile, sans papiers pour la majorité, leurs articles ont ému l'assemblée. Les journaux scolaires sont un moyen d'expression : leur journal en témoigne.
Best'Of a été "encouragé" : cet encouragement est une disctinction du jury qui, s'il n'a pas retenu votre journal pour concourir au niveau national, l'encourage néanmoins à durer. "On voit que ce journal a été un moyen de fonder le groupe classe, on voit que c'est un lieu d'expression libre. Continuez !", a dit Anne Delineau, coordinatrice académique du CLEMI. La qualité de la maquette a été soulignée, merci M. Puaud !
Nous avons vu un autre journal, unique en son genre : au LPI (Futuroscope), un seul numéro cette année : vous le voyez, cela arrive ! A priori, si tout va bien, vous sortirez un numéro 2 mercredi 10 juin prochain. En noir et blanc, crise oblige ! L'an prochain, c'est certain, on vendra nos journaux...

mercredi 13 mai 2009

Article NR 10 L'enfance volée


L'enfance volée
Vendredi 13 février, nous avons eu l'occasion de recevoir Roland Gaillon qui a eu le courage de nous raconter sa douleur : la perte de ses parents morts en déportation à Auschwitz-Birkenau en 1943.

Aujourd'hui, Roland Gaillon est un homme heureux, malgré son enfance volée. Mais ce bonheur est voilé par un traumatisme, celui d'une enfance volée. Roland Gaillon est né sous le nom de Goldenberg, en 1938.

Etre juif : « Ce n'est pas forcément une religion, cela peut être l'appartenance à un peuple » Du côté maternel, la famille de Roland Goldenberg est française depuis plus de deux siècles : un document atteste de la nationalité française d'un ancêtre colporteur en 1720 : un certain Salomon Levi. Mosellants, les Levi se réfugient à paris dès 1871, afin de ne pas devenir allemands. Ce nom de Levi, dont la consonance juive était forte, a été changé après 1917 en Leri. Du côté paternel, les grands-parents de Roland Gaillon, les Goldenberg, ont quitté les pogroms d'Ukraine en 1901 pour se réfugier en France, pays des droits de l'homme... Ils obtiendront la nationalité française en 1913.

Roland Gaillon commence ainsi son intervention par un rappel de sa généalogie. Il insiste sur le fait que ses quatre grands-parents étaient juifs, mais que la religion n'était pas pratiquée dans la famille. Il nous explique qu'être juif, c'est appartenir à une religion et à un peuple : à une culture. Ses parents, Sonia Leri et Robert Goldenberg étaient juifs, lui-même et son frère aîné, Alain, l'étaient aussi. « Je suis fier d'être né juif », précise Roland Gaillon. « Même si je n'ai pas le droit de porter mon ancien nom, Goldenberg, je ne le cache pas. La preuve, je viens vous parler de mon enfance. » Sa fierté : appartenir à un peuple qui, « recevant des coups de pieds au derrière depuis 5000 ans, est toujours debout ».
« Je suis membre du peuple juif, je ne suis pas israélien » Roland Gaillon a-t-il lu ou non notre article sur Gaza, nous l'ignorons, mais il nous précise tout de même son sentiment au sujet du conflit israélo-palestinien, et plus particulièrement ce qu'il pense des derniers événements de janvier à Gaza : « Ce que font les israéliens à Gaza est dégueulasse ». Il ajoute cependant que tout état a le droit de défendre sa sécurité, il nous donne l'exemple de Monaco : « Si Monaco tirait des roquettes sur la France, la France se défendrait et tout le monde trouverait cela normal. »


Un retraité paisible ? Aujourd'hui, Roland Gaillon est un retraité de 71 ans : il a été médecin à Châtellerault, ainsi qu'adjoint au maire au secteur culture. A Châtellerault, il rencontre encore des gens qui l'appellent « Papa Gaillon », parce qu'il les a mis au monde ! Il se livre à présent au témoignage dans de nombreux collèges et lycées : il témoigne de son enfance pendant la guerre. Il raconte son « enfance volée », comme il l'appelle. Malgré son apparence de force, de distance, quand il raconte, au fond de lui, il reste encore « traumatisé, bouleversé », nous confiera-t-il à l'issue du témoignage... « Nous, on croyait qu'il allait nous transporter quand il parlerait, regrette presque Nawal. Nous croyions qu'il raconterait son histoire comme une confidence, comme s'il parlait avec un ami. Lorsqu'il a commencé à parler, nous n'avons pas eu l'impression qu'il parlait de sa propre vie, mais plutôt qu'il rendait compte, comme un documentaire... » « Moi, j'ai été émue, s'oppose Raby, quand il parlait de sa mère, ça faisait pitié, c'est très triste ! Il ne montre pas ses sentiments, et ça doit être dur ! Quand il raconte comment il a appris la mort de ses parents, dans des conditions dures, ça fait pitié. Les histoires comme ça, ça me touche. Le pauvre.. » Intéressante discussion sur les conditions du témoignage... « J'ai trouvé que c'était triste quand il nous parlait de la mort de ses parents, il racontait bien », ajoute Ibrahim. « Moi, j'avais des images dans la tête, au fil de son histoire... », conclut Amrane.
Roland Gaillon est un retraité en activité : il étudie la théologie. Converti au catholicisme, il nous démontre que les religions monothéistes sont bien proches. Il cite un extrait de texte sacré : « Tout homme qui sauve un homme sauve l'humanité entière ». Nous connaissons, pour beaucoup, ce texte, on le trouve dans le Coran. Roland Gaillon nous explique qu'on le trouve dans le Talmud et dans le Coran : verset 32, Vème sourate.
Une autre activité de ce retraité : faire des recherches sur sa famille : « Je ne suis pas historien, mais je fais des recherches. » Il est allé jusqu'à Yad Vashem pour retrouver trace de ses ancêtres, de membres de sa famille exilés.

Enfance volée L'enfance de Roland Gaillon a été volée à partir du jour où sa mère l'a quitté. Elle a choisi de s'occuper de son mari, interné à Drancy, et de cacher ses enfants : « Elle nous a sauvé la vie », reconnaît Roland Gaillon. Puis, croyant qu'ils n'étaient pas déportables, elle a volontairement rejoint son mari en se constituant prisonnière. Elle agi par amour. Sonia et Robert Goldenberg feront pourtant partie du convoi 62 pour Auschwitz, en novembre 1943 : jamais plus leurs enfants ne les reverront.
Encore petits, (Roland avait quatre ans et demi, Alain six) ces enfants - « de dangereux terroristes, sans doute », ironise Roland Gaillon, doivent faire le silence sur leur nom : « Tu t'appelles Gaillon. Si tu te trompes tu mourras, et ta famille aussi », dit Sonia Goldenberg à ses enfants en les mettant dans un train de nuit en direction de Thonons-les-Bains, où les attend un oncle, en zone libre. Le dernier cadeau de cette mère à ses enfants : une écrevisse en sucre rose. Roland s'en souvient, et son frère également.
A l'arrivée à Thonons-les-Bains, leurs grands-parents Leri et leur oncle, René Bailleul -frère de Robert, Jean Goldenberg, « Dorémont» pour la résistance- vont s'occuper d'eux. A Nice à l'école, Roland ne se sent pas comme les autres enfants de son âge. Qu'a-t-il fait à Nice ? Il a pêché des oranges ! Un cargot ayant coulé dans la rade de Nice, les enfants ont pu aller à la pêche aux oranges...
Roland Gaillon avoue avoir connu des moments de bonheur, pendant cette enfance : à Sallanches, dans le home d'enfants auquel leurs grands-parents les confièrent, grâce aux « vieilles dames » (âgées de 15 et 16 ans alors...). Mais il a également connu la peur, la faim, le froid : il voulait être « charbonnier-confiseur », pendant la guerre... La médecine, ce fut son idée dès l'âge de 7 ans.

Souvenirs de violence En 1944, lors du retour de la famille vers Paris libérée, Roland fait l'expérience de la violence : ils croisent un soldat allemand en déroute, Roland, qui a alors six ans, veut prendre le pistolet du FFI qui conduit leur voiture et tuer le soldat ennemi. Il n'aura pas ce geste, mais se souvient de la pulsion de violence. Il nous raconte qu'il a été un adolescent violent. A 14 ans, il a appris que ses parents étaient morts en déportation : personne ne le lui a dit, sa famille l'a accompagné au cimetière Montparnasse, voir la plaque à la mémoire de ses parents... Un choc.

Lettres d'amour : 50 ans après Aujourd'hui, Roland Gaillon témoigne : c'est un peu une thérapie, pour lui. Cela lui fait du bien, même s'il est bouleversé quand il raconte son histoire. Il aime témoigner devant des élèves qui le récompensent en l'écoutant, devant des professeurs qui lui apportent leur amitié.
Voici quelques années, son frère lui a remis des lettres... Les lettres que ses parents se sont écrites pendant leur séparation, avant Drancy. Des lettres d'autres membres de la famille aussi. Quand il les a lues (il a fallu du temps pour qu'il ose), il a commencé les recherches sur l'histoire de ses parents. Ses recherches l'ont mené à Auschwitz, à Birkenau.
« Les cailloux d'Auschwitz » En mars 2005, Roland Gaillon et une classe de 3ème de notre collège ont organisé un voyage à Auschwitz : « Sur les pas de Sonia et Robert Goldenberg ». C'était, pour Roland Gaillon, la première visite dans ce camp. Le Conseil Général de la Vienne, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah s'étaient associés au projet imaginé par les professeurs d'Histoire et de français et Roland Gaillon : trois jours de visite à Cracovie, dont celles du camps de Birkenau, et du camp d'Auschwitz. Ida Grinspan, rescapée d'Auschwitz, était présente ces trois jours, en qualité de témoin direct. Une expérience riche pour ces élèves de George Sand, qui ont, à leur retour, composé une exposition (20 panneaux) et un cédérom : cette exposition peut être visitée au CDI du collège. Tous les élèves, les adultes, avaient, à la demande de Roland Gaillon, apporté un caillou à déposer sur la plaque du souvenir, à Birkenau. « Une façon de commencer mon deuil », convient Roland Gaillon. A 68 ans.

Honorer la mémoire : Ida Grinspan, rescapée d'Auschwitz, sera présente à Châtellerault sur l'invitation des professeurs d'histoire du collège George Sand, pour témoigner de son expérience de l'univers concentrationnaire. Deux classes du lycée Berthelot se joindront aux élèves de 3ème de George Sand et du collège de Saint-Gervais. Ida Grinspan a publié son autobiographie « J'ai pas pleuré » : les élèves pourront retrouver son histoire dans cette lecture. Ida, comme Roland Gaillon, était une enfant cachée. Mais, « moins bien cachée », comme elle le dit en souriant. A 14 ans, elle a connu l'enfer de la déportation et d'Auschwitz. Nous raconterons son histoire dans un prochain article.

Laisser-aller

Fichtre ! Quel laisser-aller sur ce blog ! Et pourtant, il s'en est passé, des choses, depuis la dernière diffusion...
Les articles dans la NR se sont succédé, le numéro 2 de Best'Of est à l'état de brouillon (eh oui, quand prend-on le temps de passer à la maquette ?) et, surtout, surtout, ce petit journal a été "distingué" au concours national de journaux scolaires ! Une petite distinction, certes, mais distinction tout de même !!!! Rendez-vous à Poitiers le 3 juin pour une remise de "petit prix", en compagnie de madame la Rectrice. Encourageant, non ?
Il est temps, en tout cas, de reprendre en mains ce blog, au cas où un internaute passerait...

vendredi 20 février 2009

Essaouira ou le Bélem ?

Impossible de diffuser sur ce blog votre page intitulée "Terre mère, terre nourricière", pour cause de concours... Ce sera fait fin avril, quand nous connaîtrons les résultats des délibérations du jury. Ne rêvez pas, nombreux sont les concurrents ! Et même si votre page est belle, elle n'est pas assurée de remporter la palme !
Bravo, quoi qu'il en soit, pour ce travail de reportage et d'écriture.