lundi 1 décembre 2008

Un président noir dans une maison blanche


Voici le quatrième article publié dans la NR samedi 29 novembre...


Un président Noir dans une Maison Blanche


Les citoyens américains viennent d'élire un président Noir en la personne d'Obama : une élection très médiatisée dans le monde entier. Un symbole fort, dans ce pays qui a imposé aux Noirs l'esclavage puis la ségrégation, avant d'accepter le principe d'égalité. Le rêve de Martin Luther King est réalisé.


« I have a dream »
Cette phrase célèbre est l'accroche du discours du pasteur noir Martin Luther King, discours prononcé en 1963 : « je fais le rêve que mes quatre enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés par la couleur de leur peau, mais par leur personnalité. »
L'élection de Barack Obama est la réalisation de ce rêve : un « afro-américain » siège désormais à la tête de la puissante Amérique. « Pour nous, c'est la preuve qu'il n'y a plus ce racisme en Amérique », commente Maïly.
Barack Hussein Obama, né en 1961 de père kenyan -musulman- et de mère américaine blanche -catholique, n'est pas un afro-américain, ses arrière-grands-parents n'étaient pas esclaves. Il est métis. Il a fait des études de droit, est diplômé en sciences politiques. Pour les noirs américains, il symbolise la réussite sociale, l'espoir d'égalité. Les afro-américains sont les habitants des Etats-Unis qui ont des ancêtres noirs venus d'Afrique. La grande majorité des afro-américains sont des descendants des esclaves déportés entre les XVIème et XIXème siècle. C'est Malcolm X qui, dans les années 60, a imaginé le terme « african american », d'où l'usage commun du terme « afro-américain ».



De l'esclavage... à la ségrégation
L'esclavage est la cause de la déportation de millions de Noirs africains sur le continent américain. Après l'abolition de l'esclavage, en 1865, les Blancs ont eu du mal à accepter l'égalité. Les Noirs se sont trouvés à l'écart : on a appelé cela la ségrégation raciale. En 1950, aux Etats-Unis, Noirs et Blancs n'ont pas les mêmes privilèges : dans les bus, les places sont séparées. Ils ne prient pas dans les mêmes églises. Ils ne dorment pas dans les mêmes hôtels, ne mangent pas dans les mêmes restaurants, n'inscrivent pas leurs enfants dans les mêmes écoles. Les Noirs n'ont pas le droit de vote. Ils sont souvent victimes de violences. Il faudra que des personnes comme Rosa Parks et Martin Luther King se révoltent pour que la société américaine change.



Deux figures légendaires : Rosa Park, Martin Luther King
Le 1er décembre 1955, Rosa Park, une citoyenne américaine noire -couturière-, refuse de céder sa place à un homme blanc, dans le bus. A cette époque, les quatre premiers rangs étaient réservés aux Blancs, les Noirs devaient s'asseoir à l'arrière du bus. L'anecdote se déroule dans un état du sud des Etats-Unis, à Montgomery. Elle est arrêtée, jugée et inculpée pour désordre public et violation des lois locales. Son avocat voit là une occasion de combattre symboliquement les lois raciales et médiatise l'affaire.
Martin Luther King, pasteur engagé dans la lutte non violente pour l'égalité des droits civiques entre les Blancs et les Noirs, organise alors le boycott des bus de Montgomery pendant un an. Il est soutenu par le président Kennedy dans sa lutte contre les discriminations raciales.
« La désobéissance civile est justifiée face à une loi injuste, chacun a la responsabilité morale de désobéir aux lois injustes. », disait Martin Luther King. Ce pasteur noir, fils et petit-fils de pasteurs, défendra jusqu'à sa mort (il est assassiné en 1968) le droit de vote des Noirs et la déségrégation. Il avait été le plus jeune prix Nobel de la paix, en 1964.
Rosa Parks est morte en 2005, elle reçut à cette occasion les hommages dignes d'un grand homme politique. Le jour de son enterrement, tous les drapeaux ont été mis en berne. Le bus dans lequel elle avait été arrêtée était recouvert d'un linceul rouge et noir .
Aux jeunes générations, Rosa Parks disait : « Nous devons redoubler d'efforts pour essayer d'inspirer notre jeunesse et les inciter à vouloir étudier notre héritage ainsi qu'à savoir ce que cela signifie être noir dans l'Amérique d'aujourd'hui. »
Raby Sylla, Léa Sayer, Julie Bui-Nguyen, Audrey Pasbecq.



Un président noir... et alors ?
En ville, à Châtellerault, une affiche titrait hier : « Ils veulent assassiner Obama. »
On se dit que c'est parce que c'est un Noir, le premier président noir... Il va diriger un état. Un pays dans lequel il y a eu l'esclavage et la ségrégation contre les Noirs. Certains blancs doivent voir en lui un descendant d'esclaves, les racistes ne doivent pas avoir voté pour lui. Mais les afro-américains, sûrement.
Il va arrêter la guerre en Irak : nous pensons que c'est une bonne chose. Un président noir, ça change des blancs ; les blancs sont partout, au pouvoir. En France, les ministres, les maires, ce sont des blancs. Elire un Noir, ça veut dire qu'il n'y a plus de racisme. Ca veut aussi dire que les Noirs peuvent faire de longues études.
Dans notre collège, on compte beaucoup d'élèves noirs. Entre nous, on se traite de noirs, d'arabes de français, mais on sait qu'on est égaux.
Maïly Kerzazi, Hassniya.



« I have a dream », le discours de Martin Luther King
«Je vous le dis aujourd'hui, mes amis, bien que nous devions faire face aux difficultés d'aujourd'hui et de demain, j'ai tout de même un rêve. C'est un rêve profondément enraciné dans le rêve américain.
Je fais le rêve qu'un jour, cette nation se lève et vive sous le véritable sens de son credo : “Nous considérons ces vérités comme évidentes, que tous les hommes ont été créés égaux.”
Je fais le rêve qu'un jour, sur les collines rouges de la Géorgie, les fils des esclaves et les fils des propriétaires d'esclaves puissent s'asseoir ensemble à la table de la fraternité.
Je fais le rêve qu'un jour, même l'État du Mississippi, désert étouffant d'injustice et d'oppression, soit transformé en une oasis de liberté et de justice.
Je fais le rêve que mes quatre jeunes enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés pour la couleur de leur peau, mais pour le contenu de leur personne. Je fais ce rêve aujourd'hui !
Je fais le rêve qu'un jour juste là-bas en Alabama, avec ses racistes vicieux, avec son gouverneur qui a les lèvres dégoulinantes des mots interposition et annulation; un jour juste là-bas en Alabama les petits garçons noirs et les petites filles noires puissent joindre leurs mains avec les petits garçons blancs et les petites filles blanches, comme frères et sœurs.
Je fais ce rêve aujourd'hui.
Je fais le rêve qu'un jour chaque vallée soit glorifiée, que chaque colline et chaque montagne soit aplanie, que les endroits rudes soient transformés en plaines, que les endroits tortueux soient redressés, que la gloire du Seigneur soit révélée et que tous les vivants le voient tous ensemble.»

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