lundi 19 janvier 2009

Des chars contre des pierres ?


A l'exception du titre aucun mot n'a été censuré dans l'article n°7 écrit pour la NR (eh oui, les articles 5 et 6 ont été écrits par d'autres groupes d'élèves, les 3èmes1 étant en stages...). Lecture.



Des chars contre des pierres ?



« Ecrire un article sur la guerre à Gaza avec des professeurs, c'est se donner une occasion de s'énerver car on va dire ce qu'on pense, mais nos phrases vont être transformées ! » Le ton est lancé : en ce jeudi enneigé, les quelques élèves présents en classe ont décidé de ne pas mâcher leurs mots. Leurs maux ? La guerre à Gaza est sur toutes les lèvres. C'est une guerre lointaine qui excite les tensions.

« Dire, c'est mieux que fracasser une mâchoire »
« Les pauvres palestiniens, ils n'ont rien fait, ça me fait pitié », commente Raby. « C'est leur terre, la terre des palestiniens », ajoute Nawal.
« A la télé, sur Al Jazira, on voit des morts : des bébés, des enfants ! Cette télé montre la vérité ! Elle dit plus de choses sur la guerre à Gaza. » « C'est des frères musulmans, en Palestine. On a regardé l'émission Israël-Palestine, 60 ans de violence à la télé. Ils ont montré des israéliens qui manifestaient contre cette guerre. Cette télé n'est pas pro-Israël. »

Samedi, une manifestation de soutien à la Palestine est organisée à Châtellerault. Les gens de la Mosquée de la Plaine l'ont organisée : les pancartes sont écrites. Sur l'une, il paraît que quelqu'un a écrit : « Israël = assassin ». On ne sait pas si c'est un adulte qui l'a écrit. Sur d'autres pancartes, il est écrit : « cessez le feu ! ». Les parents seront là, les adultes, les jeunes. Il ne faut pas que la manifestation dérape, les émeutes, c'est mauvais. « Sur ces pancartes, les gens écrivent ce qu'ils pensent. Ils écrivent pour ne pas se montrer violents. Dire, c'est mieux que fracasser une mâchoire. » dit Okkacha.

« Une collecte d'argent est mise en place, pour envoyer aux palestiniens. Certains donnent de grosses sommes, quand ils le peuvent. Les moins aisés donnent cinq euros. Espérons que l'aide arrivera bien aux palestiniens. » précisent Nawal et Okkacha.

Guerre des mots
« Ce n'est pas une guerre que je vois ! Une guerre, c'est deux armées qui se battent. Là, c'est du martyr ! Les palestiniens se font massacrer ! » martèle Okkacha. « Ce qu'on voit à la télé, ce n'est pas deux armées mais des chars contre des pierres ! » s'indigne Nawal. « Ils sont seuls, ils n'ont pas d'aide, ils n'ont rien, pas de boulangerie ouverte ! » ajoute Fanta.
On a vu sur Al Jazira que beaucoup de civils israéliens pensent que cela ne se fait pas, de massacrer des palestiniens, des femmes, des enfants : des civils, comme eux. Ils critiquent les actions kamikazes sur leur territoire mais leur armée fait la même chose ! Les militaires, ils obéissent, ils font ce qu'on leur dit. Comment peuvent-ils faire ce qu'ils font ? Ils tuent des enfants !

Deux peuples, une terre
Le conflit israélo-palestinien dure depuis 1947. A l'époque, après la seconde guerre mondiale et la Shoah, les juifs d'Europe ont reçu la terre de Palestine, la Terre Promise selon la Torah. Cette terre était alors peuplée de populations arabes, sous protectorat britanique. La France, qui partageait ce protectorat, a attribué cette terre aux juifs d'Europe survivants de l'extermination par les nazis, alors que les britaniques avaient promis aux palestiniens qu'ils conserveraient leur terre. Une même promesse à deux peuples... Deux peuples, un territoire. Quand les juifs d'Europe créent l'état d'Israël, les palestiniens sont chassés et se réfugient en Syrie, en Jordanie : c'est l'exode. Ce que nul n'avait imaginé, c'était le nouveau problème qui allait se poser : un pays à forte population juive entouré de pays à forte population musulmane.
Les israéliens disaient : « On nous a donné cette terre, on se doit de le défendre. » Les palestiniens disaient : « Il n'est pas normal d'être chassé de notre terre. » Ces deux populations ne pouvaient pas s'entendre !
Les populations, depuis 1947, souhaiteraient vivre en paix. Au cours de l'histoire, plusieurs épisodes de guerre ont eu lieu, plusieurs trêves ont été respectées. Les gouvernements n'ont pas toujours favorisé la paix. Les enjeux défensifs sont capitaux, notamment l'eau.
La semaine dernière, c'est un combat armé qui a débuté. Les israéliens disent : « On protège notre sécurité parce que le Hamas tire des roquettes sur Israël et ses colonies. » Le Hamas (parti politique et religieux) dit : « Israël nous attaque avec des moyens militaires supérieurs, ce n'est pas normal. » Israël répond : « On tire à l'aveuglette car le Hamas fonctionne comme une guérilla. Les militants se cachent pour échapper aux interpellations et se protègent derrière les civils. Ils prennent en otage leur population.

Musulmans, juifs : frères ennemis ?
Les populations musulmanes de France sont particulièrement touchées par cette guerre qui ressemble à un massacre des palestiniens de Gaza. « C'est nos frères musulmans », entend-on dire. Pourtant, la guerre à Gaza n'est pas une guerre de religion, elle est politique, c'est une guerre pour un territoire. Palestiniens et israéliens se battent pour un territoire. Alors, juifs, musulmans, frères ennemis ? « Frères ? Non, les juifs et les musulmans ne sont pas frères ! s'exclame Nawal. Pas en France, nulle part ! ». « Etre frères, c'est se rencontrer tous les jours, à la Mosquée, par exemple. Un frère, c'est quelqu'un à qui on dit bonjour tous les jours, c'est un ami ou quelqu'un qui partage notre religion. » intervient Ibrahim. « Moi, je dis que les juifs et les musulmans ne sont pas frères. » Pourtant, il existe à Châtellerault une association, Les Fils d'Abraham, qui rassemble de nombreux croyants : musulmans, juifs, chrétiens. Cette association a pour but le dialogue entre les croyants d'une même ville. « Chrétiens et musulmans, s'entendent : ils n'ont pas de conflits entre eux. Avec les juifs, c'est la guerre. C'est à cause de cette guerre de territoire » dit Nawal.

Action symbolique : le boycott des marques américaines
On peut cesser de consommer du Coca et cesser d'aller au Mac Do, ces produits symbolisent les Etats Unis. Les Etats Unis soutiennent Israël. Ce boycott ne sera pas efficace, pas plus qu'une manifestation mais on peut le faire. « On ne sera pas nombreux, samedi à la manifestation. Même pas une goutte d'eau », conclut Okkacha.

Fanta, Audrey, Nawal, Okkacha, Raby, Amandine, Léa.

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