jeudi 4 juin 2009

Notre page concours "Graines de reporters"


Terre mère, terre nourricière
Voyage au coeur de la terre
Le pari du bio
La ferme de la Croix Blanche se situe à Saint-Gervais-les-Trois-Clochers, dans la Vienne. Véronique et Claude Souriau y exploitent 72 hectares de cultures céréalières destinées à l'alimentation de leurs volailles.
Le bus nous dépose dans une immense cour de ferme. Aujourd'hui, quand nous parlons de paysans, entre amis, c'est de façon péjorative. Véronique Souriau revendique le terme « paysan », celui qui connaît la terre, sa terre : le pays. La ferme de véronique Souriau n'est pas comme les autres : elle et son mari ont fait, voici trois ans, le pari du biologique.
Depuis 2006, en effet, cette exploitation agricole travaille la terre sans traitement par les pesticides, sans engrais chimiques. Trois ans sont nécessaires à cette conversion : l'année 2009 verra les efforts de ces exploitants récompensés par l'attribution du label « AB » (Agriculture Biologique). Véronique et Claude Souriau ont préféré ce mode de travail de la terre par respect de la nature, et des consommateurs.

Le respect de la nature En visitant cette exploitation, nous avons vu des volailles en liberté : les poulets sont élevés en plein air, pendant 16 semaines -contre 8 semaines dans un élevage industriel où les volailles ne voient jamais un pré, pas un brin d'herbe. Nous avons visité les pondoirs : les poules de Marans ont été choisies parce qu'adaptées au climat de la région. Nous avons visité deux poussinières : dans la première, des poussins d'une semaine, dans la seconde, des poussins de 4 semaines. Nous nous sommes ensuite dirigés vers les cabanes à volailles, en passant devant la mare des oies, dans laquelle elles se rafraîchissent l'été : dans un grand pré, plusieurs cabanes abritent des poulets, qui fuyaient à notre approche. Les cabanes sont ouvertes, on les ferme la nuit pour éviter que les renards ne mangent les poulets. Régulièrement, on met ces cabanes sur roues pour les déplacer afin de les nettoyer. Les prés sont ensuite cultivés. Deux ânes viennent à notre rencontre, dans un autre pré, et se laissent caresser.

La biodiversité L'exploitation de la Croix Blanche cultive du maïs, du blé, des petits pois, des féveroles, du tournesol. Les graines sont semées dans un même champ : ainsi, si un champignon s'attaque à l'une des plantes, il a moins de risques de contaminer les autres brins de la même espèce : le mélange des espèces permet de faire barrage aux champignons : c'est une méthode d'auto-médication naturelle. Tout ce qui est cultivé sur les 72 hectares de l'exploitation est destiné à la nourriture des animaux et au chauffage des poussinières et de la maison d'habitation : ce sont les rafles de maïs qui alimentent la chaudière.

Le maïs population Véronique Souriau nous explique que le maïs population est l'image de la biodiversité : comme nous sommes nous-mêmes l'image de la diversité -c'est un clin d'oeil, mais qui nous a permis de comprendre-, le maïs qu'elle cultive est mêlé : on voit des grains jaunes, des grains orange, des grains rouges. C'est le maïs le mieux adapté à la terre.

Vivre de la vente des produits de la terre Chaque vendredi chaque samedi, Véronique Souriau vend les oeufs roux, les poulets à rôtir : après 16 semaine d'élevage en plein air, ils pèsent en moyenne 1.7 kilos, les chapons, les oies, les canards, les pintades. Une boutique est ouverte en fin de semaine à l'entrée de la ferme. Certains produits de la ferme sont également vendus en grande surface, mais le principal lieu de vente est le marché : à Saint-Gervais, à Châtellerault et à Dissay. Avec environ 2000 euros mensuels pour le couple, deux semaines de vacances par an, une alimentation naturelle, des week-end réservés aux sorties et à la vie de famille, les Souriau s'estiment heureux : le choix du bio a été pour eux un art de vivre en respectant la nature ainsi que leur vie de famille, ils ont en effet du temps, le travail de la terre ne les astreint pas sept jours sur sept. Claude Souriau, en plus de son activité sur son exploitation, milite auprès des agriculteurs de la région, afin de faire connaître l'alternative à l'agriculture conventionnelle. Il est adhérent au CIVAM et agit en faveur d'une autre façon de produire.

Un avenir pour cette terre Véronique Souriau regrette l'absence des haies autour des prés : elle nous explique qu'une haie est un barrage naturel aux champignons, ainsi qu'un abri pour les insectes, telles les coccinelles, dont la nature a besoin. La coccinelle est un insecticide naturel ! Prochainement, les Souriau souhaitent réimplanter les haies et reconquérir un espace naturel.
Vous avez dit « bio » ? Cette ferme est une ferme « bio » : aucun produit chimique, aucun engrais, aucun pesticide n'est utilisé, : la seule machine pour limiter les mauvaises herbes dans les cultures est la herse-étrille. Les engrais sont fabriqués à partir du fumier. Les volailles mangent ce que l'exploitation produit, ainsi que du tourteau de noix, aucun médicament, aucun additif n'est apporté à leur nourriture. Seuls les minéraux à apporter à l'alimentation des volailles sont achetés : les reste est produit sur place. « J'aime et je mange ce que je cultive », conclut Véronqiue Souriau.

Paysan-militant : l'exemple du CIVAM
Béatrice Martin est épouse d'agriculteur biologique et salariée du CIVAM de la région Poitou-Charentes. Son métier consiste à aider les agriculteurs à réfléchir à leurs modes de productions, et à tenter une autre agriculture, plus proche de la nature.
Qu'est-ce que le CIVAM ? Le CIVAM signifie : Centres d'Initiatives pour la Valorisation de l'Agriculture et du Milieu rural. Il existe huit CIVAM en Poitou-Charentes, deux en Vienne : un à Châtellerault, un à Montmorillon. Ce sont des regroupements géographiques : sur environ 2000 exploitations agricoles en Vienne, 70 adhèrent au CIVAM. Le CIVAM est une association créée en 1950, après la seconde guerre mondiale. Il fallait alors nourrir la population, produire de façon suffisante et donc moderniser l'agriculture. Cette modernisation est passée par le développement des instituts recherche scientifique, ainsi que par l'éducation populaire : on a appris aux agriculteurs à améliorer les conditions de productions, grâce aux machines, aux engrais.

Rôle du CIVAM Dès les années 1990, on a atteint une surproduction agricole : l'Europe économique avait déjà instauré des quotas. Les agriculteurs se sont mis à jeter le surplus de leur production ! Le CIVAM a réagi et a mis en place une réflexion pour trouver un autre système de production qui respecterait les animaux, le territoire, et permettrait de nourrir sans trop produire. Le métier de Béatrice Martin consiste à mettre en relation des gens qui ont une expérience d'un autre mode de production, et à amener les gens à réfléchir ensemble. « Se serrer les coudes, s'unir, se motiver : c'est important ». Le CIVAM est à l'origine de l'introduction de l'alimentation bio dans la restauration scolaire, du respect de la biodiversité, du lien direct producteur-consommateur. Par exemple, à partir de la question : « Comment polluer moins l'eau et utiliser moins de pesticides ? », Béatrice Martin cherche à informer les agriculteurs et à mettre en relation ceux qui ont une expérience positive et ceux qui cherchent une réponse.
Béatrice Martin, pour nous faire comprendre les limites de l'élevage industriel, nous a montré un extrait du documentaire « We feed the world » dans lequel on voit un élevage industriel de poulets. C'est à huit semaines que les poulets son abattus, à la chaîne, sans avoir jamais vu un pré, ni un brin d'herbe ! Rien à voir avec les poulets de la ferme de la Croix Blanche... Elle nous parle également de vaches laitières nourries sans jamais voir un pré, traites sans jamais voir l'homme...

« Paysan », un mot qui retrouve son sens On parle d'agriculteurs, d'exploitants agricoles (le mot est intéressant, nous fait remarquer Béatrice Martin), de cultivateurs : le CIVAM redonne ses titres de noblesse au nom « paysan ». C'est l'habitant du pays, celui qui connaît sa terre. Le mot n'est plus péjoratif. Au contraire.
Militer, c'est affirmer des valeurs Béatrice Martin se dit volontiers passionnée, et cela se voit ! Son parcours professionnel et personnel nous permet de comprendre son militantisme. Fille de commerçants (son père était boulanger, sa mère bijoutière), elle s'oppose très tôt à un milieu familial dans lequel on compte l'argent. Contrainte à faire des études dans un lycée agricole proche de la maison familiale pour des raisons de proximité, Béatrice Martin passera un bac D' (maths, biologie, sciences agro-alimentaires) et s'engagera dans un mouvement « Band Aid », pour aider l'Ethiopie alors en pleine famine. C'est sa phase de révolte. Son BTS Maîtrise de l'eau et de l'irrigation en poche, elle épouse un agriculteur, Philippe Martin. Ils partent en Afrique, au Mali, travailler pendant deux ans dans une ONG. « Je croyais sauver le monde, je n'ai rien sauvé du tout ! Mais j'ai appris énormément...», avoue-t-elle. Le Mali, le Sénégal, le Burkina-Faso, la Côte d'Ivoire la Guinée : les époux Martin côtoient des Blancs auxquels ils n'ont pas envie de ressembler, ils quittent l'Afrique. « En Afrique, les Blancs ne se comportent pas toujours très bien. Nous n'avions pas envie de leur ressembler. Nous avons préféré rentrer en France et pratiquer l'agriculture telle que nous la souhaitions.»

A voir... Béatrice Martin nous a conseillé le documentaire We feed the world, ainsi que le film Nos enfants nous accuseront, de Jean-Paul Jaud, que nous sommes allés voir au Cinéma Les 400 Coups.

L'agriculture conventionnelle : les dangers de l'industrialisation
« Notre premier médicament, c'est notre alimentation » disait Hippocrate. C'est ce que le film documentaire de Jean-Paul Jaud, Nos enfants nous accuseront, explique en mettant en lumière les dangers de l'agriculture conventionnelle et montrant l'exemple d'un village, Barjac -dans les Cévennes-, dans lequel la cantine scolaire est passée à la nourriture « bio »

C'est quoi, le « bio » ?
On le répète plusieurs fois dans le film, le bio, c'est ce qui n'est pas traité. Après avoir vu ce film, au cinéma les 400 Coups, nous avons compris que nous mangeons sans savoir comment nos légumes sont parvenus dans nos assiettes. Ce film montre que ce qu'on mange -et qu'on aime !-, les frites surgelées, les hamburgers, les gâteaux conditionnés, les cordons bleus, devrait être évité.

A Barjac, une cantine scolaire bio
On montre dans le film l'exemple d'un petit village des Cévennes, Barjac, où le maire a réussi à proposer une cantine scolaire bio. Les enfants s'intéressent à leur assiette, ce qui est rare à leur âge. Ils font un jardin dans l'école, les repas sont peu à peu transformés en bio : carottes râpées, viande, salade, courgettes, fraises. Les élèves apprennent à goûter ces produits et à les apprécier. Les cuisiniers travaillent pour la cantine scolaire de deux écoles, une publique, une privée, et pour une maison de retraite.
Les parents sont invités à des réunions, s'informent et se mettent au bio. Une épicerie bio est ouverte dans le village. Dans ce village, les enfants mangent avec plaisir les menus de la cantine. Ils s'intéressent à ces produits et demandent à leurs parents de manger bio à la maison.
A Barjac, tout semble beau : le climat, les montagnes, le calme, les champs de coquelicots et de lavande. Mais on voit, dans le film, beaucoup de nuages toxiques, un agriculteur qui porte un casque de protection et qui souffre de saignements de nez dès qu'il traite son champ.
A un moment, on voit une séquence-son (pas d'image) d'une femme -la maman de Hugo- qui accouche chez elle. Cette séquence nous a surpris, mais on voit ensuite la maman qui nourrit sa petite fille au sein et on comprend le lien. C'est symbolique de la nouvelle génération, cette naissance.

Nous avons beaucoup appris grâce à ce documentaire :
il existe de la viande bio : les animaux sont nourris avec des produits non traités, c'est le cas des volailles de la ferme de La croix Blanche.
les aliments qu'on mange au quotidien contiennent des produits toxiques : saucisses, fromages fondus, haricots verts et lentilles en boîtes
les cordons bleus, c'est de la viande reconstituée, ce ne sont pas des escalopes
il existe du vin bio : les vignes ne sont pas traitées
on peut attraper un cancer en étant contaminé par des produits toxiques : avoir des lésions cérébrales, neurologiques, une maladie des intestins, être stérile...
il existe une signalétique des produits toxiques
Les agriculteurs conventionnés continuent à utiliser ces produits qui les empoisonnent !
Cancers, stérilité, maladies liées à l'environnement en hausse constante
On pensait que ce film serait inintéressant, mais on a appris des choses ! Certains mots sont tout de même compliqués, notamment ceux qu'emploient les chercheurs, les scientifiques, les médecins dans les séquences prises à la Maison de l'UNESCO. Ce sont des mots que nous ne rencontrons pas habituellement, mais ces séquences sur la conférence sur l'environnement étaient intéressantes : un médecin-chercheur demande au public de lever la main si un membre de leur famille ou un proche a été touché par un cancer ou la stérilité ou le diabète : beaucoup de gens lèvent la main. Le médecin a prouvé que les maladies que la science estime liées à l'environnement sont nombreuses. Ce film documentaire est réaliste et pédagogique. D'ailleurs, tous les parents devraient aller le voir !

« Nous massacrons notre planète »
C'est ce que dit Jean-Paul Jaud, le réalisateur de ce film, dans une interview accordée à la Télé Libre : il explique que l'homme détruit son environnement depuis le début du 20ème siècle, avec des produits toxiques. Il explique également que le nombre de cancers a augmenté de 93% dans la population en 25 ans, chez les enfants, l'augmentation est de 1.5% par an !
Jean Paul Jaud ajoute qu'on peut stopper cette augmentation en respectant le sol, en respectant le vivant, en préservant les espèces et en changeant notre alimentation qui participe à la pollution de la planète et donc au réchauffement climatique.
Manger « bio », c'est-à-dire des produits non traités, serait une solution. Une solution pour que nos enfants ne nous accusent pas d'avoir massacré leur planète et de les avoir tués. Nous sommes les enfants dont parle JP Jaud dans son film : mais nous n'accuserons pas nos parents, car tous n'ont pas les moyens d'acheter des produits bio, et ils ne sont pas cultivateurs ni jardiniers... De plus, il n'existe pas de loi interdisant aux agriculteurs conventionnés d'utiliser leurs engrais. Nous n'accuserons donc personne. Nos parents ne connaissent peut-être pas les dangers de notre alimentation actuelle. Nous mangeons d'ailleurs quelques produits bio, des légumes cultivés par nos grands-parents dans leur jardin, du pain fait par nos mères, des herbes aromatiques, on boit de l'eau filtrée.
Ce titre est, selon JP Jaud, « réaliste ». Ce sont les enfants qui sont malades, et son documentaire le prouve en effet : on entend le témoignage de la maman de Camille, atteinte d'un cancer car sa mère a utilisé des bombes anti-moustiques quand elle était enceinte. On entend le témoignage d'une femme d'agriculteur dont le fils a été guéri d'une leucémie. Il paraît que les hôpitaux sont pleins d'enfants très gravement malades, et de maladies dues à l'environnement.
Manger bio permettrait de ne plus utiliser ces produits toxiques : dans le film, un agriculteur avoue qu'il cultivait des légumes qu'il n'aurait pour rien au monde fait manger à ses enfants ! L'affiche montre que des légumes frais peuvent nous empoisonner !

E 471, E 129, E 330
Comme on voit un homme vider la poubelle de l'école de Barjac et trier les emballages des goûters des enfants, on a observé ce que contient la sucette que Myriam conserve pour l'inter-cours : du E 471, du E 129, du E 330, du sirop de glucose, des acidulants, émulsifiants, du sucre... Et ces indications ne sont pas écrites en français. Bon appétit, Myriam !

Lexique
CIVAM
: Centres d'Initiatives pour Valoriser l'Agriculture et le Milieu rural
AMAP : Association pour le Maintient d'une Agriculture Paysanne
Label : marque syndicale protégée qui atteste qu'un produit a été fabriqué conformément aux conditions de travail prévues par la loi ou la convention collective
AB : Agriculture Biologique
Bio : biologique
Biologique : non traité
Biodiversité : diversité du monde vivant. Néologiqme composé à partir des mots bio et diversité.
CUMA : Coopérative d'Utilisation du Matériel Agricole
RAD : Réseau d'Agriculture Durable
Environnement : ensemble des éléments naturels et culturels dans lesquels les êtres vivants se trouvent.
agriculture biologique : culture de la terre sans traitement par produits toxiques (AB)
agriculture conventionnelle : agriculture utilisant engrais et autres produits chimiques

2 commentaires:

Audrey a dit…

On va s'en souvenir de cette derniere année..
Sa, c'est sur ! :D



♥.

Anonyme a dit…

Nous vous remercions de intiresnuyu iformatsiyu